Carlo Goldoni

« Notre Goldoni des années cinquante était tronqué, redondant et parodique. Partagé entre l’italianité et un pseudo-naturel. Aujourd’hui, un autre Goldoni, plus large et plus riche, émerge. Son théâtre n’est ni une exaltation du jeu ni la peinture d’une société : il est proprement un théâtre de la socialité, c’est-à-dire une réflexion sur la manière et la possibilité pour les hommes de vivre ensemble, et une fiction où l’acte même du théâtre se trouve mis à l’épreuve. » (Bernard Dort)

Depuis le début des années cinquante, la manière de mettre en scène Goldoni a notablement changé. Parti de l’exaltation de la théâtralité et du rire, il est monté aujourd’hui dans l’ensemble comme un poète de la mélancolie, à l’instar de Tchekhov, voire d’Ibsen, plutôt que de la commedia dell’arte ou même de Molière.

La première partie de ce dossier se concentre sur le texte goldonien, pour explorer certains aspects peu connus de son œuvre : la fonction des repas, les difficultés de traduction du vénitien, ou encore l’importance des nombreux livrets d’opéra écrits par le dramaturge.

Les deux parties suivantes se tournent vers les dilemmes qui accompagnent la mise en scène de Goldoni, en Italie et en France : faut-il faire ressortir l’italianité de ces pièces, dans l’esprit de la commedia dell’arte, ou bien faire part à l’épaisseur humaine, psychologique et sociale des personnages par les moyens du réalisme ? Toutes les mises en scènes examinées ici répondent explicitement ou implicitement à cette question

SOMMAIRE

Dossier coordonné par Evelyne Ertel, avec la collaboration de Siro Ferrone et Thierry Voisin – Carlo Goldoni

• Evelyne Ertel – Carlo Goldoni sur les scènes contemporaines
• Ginette Herry – L’Association Goldoni Européen

I – DANS LE TEXTE

• Françoise Decroisette – « Apprenez à dresser la table ! »
• Myriam Tanant – Le miroir aux vérités
• Huguette Hatem – Traduire le vénitien
• Ginette Herry – Caro Goldoni, écritures dérivées
• Entretien avec Siro Ferrone, réalisé par Giuseppe Nicoletti

II – LA SCÈNE ITALIENNE

• Paolo Bosisio – Le réalisme de Giorgio Strehler dans Barouf à Chioggia
• Carmelo Alberti – Un carrefour de la ville de Venise
• Entretien avec Luigi Squarzina, réalisé par Biancamaria Mazzoleni – Un laboratoire d’innovations incessantes
• Entretien avec Luca Ronconi, réalisé par Isabella Innamorati – La mémoire non nostalgique du passé
• Franco Vazzoler – Bettina retrouvée
• Roberto Alonge – Un Goldoni strindbergien

II – LA SCÈNE FRANÇAISE

• Bernard Dort – Vers un théâtre de la socialité
• Entretien avec Jacques Lassalle, réalisé par Sylviane Gresh – De Marivaux à Goldoni
• Sylviane Gresh – Le prix de l’adaptation sociale
• Entretien avec Jean-Claude Penchenat, réalisé par Evelyne Ertel – Un écrivain fraternel
• Entretien avec Jean-Louis Thamin, réalisé par Thierry Voisin – Du repentir à l’exigence, de l’esquisse à l’œuvre
• Entretien avec Jean-Claude Berutti, réalisé par Thierry Voisin – À la folie ou pas du tout : la passion sans mélange
• Entretien avec Attilio Maggiuli et Hélène Lestrade, réalisé par Gilles Costaz – Des personnages qui viennent d’enlever leur masque
• Entretien avec Alain Sabaud, réalisé par Thierry Voisin – Élégance baroque d’une quête sociale
• Anne-Marie Lazarini – Le livre du Monde et le livre du Théâtre
• Entretien avec Serge Lipszyc, réalisé par Thierry Voisin – Charlot et le rebelle authentique
• Laurent Serrano – Le campiello, miroir des banlieues-ghettos
• Gilles Costaz – Le Grand Magic Circus vénitien
• Claudia Morin – Fin d’été à la campagne
• Entretien avec Yves Chenevoy, réalisé par Thierry Voisin – L’autre visage du génie