Romeo Castellucci revient à la MC93 à Bobigny du 4 au 8 juin avec la reprise de SCHWANENGESANG D744.
« Peut-on bouleverser le rapport traditionnel du théâtre entre une scène agissante et une salle passive qui consomme un spectacle ? Peut-on faire surgir, derrière la maîtrise performative, la fragilité, la douleur, l’émotion des interprètes ? C’est ce que tentent la soprano Kerstin Avemo, le pianiste Alain Franco et la comédienne Valérie Dréville, pour qui Romeo Castellucci a écrit le texte de cette véritable adresse directe au public. »
« Il faut absolument faire entendre que la musique de Franz Schubert est véritablement enracinée dans la poésie. C’est la force sidérante et affective de ces lieds. »
Romeo Castellucci à propos de Schwanengesang D744 – Extrait de l’entretien Les bruits de l’abîme – Propos recueillis par Jean-François Perrier en juin 2024. Lire l’entretien ici.
Comment ne pas mettre en écho la prestation de Kerstin Avemo dans Schwanengesang D744 avec celle de Jessy Norman dans Voyage d’hiver au lendemain du 11 septembre 2001 dont Bob Wilson se remémore le souvenir : « Lorsque j’ai fait le Voyage d’hiver (Winterresie de schubert) avec Jessy Norman, c’était juste après le 11 septembre. C’était complet pendant un mois, toutes les places étaient réservées, et elle m’a appelé : « je ne peux pas chanter ce soir », « Jessy tu dois chanter », « oui mais j’ai pleuré toute la nuit à cause du 11 septembre et si je me mets à chanter je vais pleurer sur scène. » Et j’ai dit à Jessy Norman. « Jessy, le moment est venu, le moment est important et nous devons entendre ta voix », elle a dit qu’elle voulait bien essayer. Il y a 24 chants dans le cycle de Schubert, et après le 2e et 3e chant, elle s’est mise à pleurer, le pianiste s’est arrêté, elle se tenait debout sur scène, en pleurs, et après quelques minutes elle a arrêté le flot des larmes et elle est restée debout pendant 10 minutes sans que l’on entende le son de sa voix et le public s’est mis à sangloter. L’émotion était si profonde en elle, elle était là, debout, silencieuse et je dois dire que c’était peut-être encore plus beau que quand elle chantait. Une émotion d’une profondeur immense. »
Bob Wilson, Musique émoi, France Musique le 23/10/2023
