N°253
numéro 100
Plus que jamais, nous sommes condamnés à remettre l'ouvrage sur le métier de la pensée. Des gens qui, comme dit le philosophe de L'Achat du cuivre, se sont donnés pour fonction d'"imiter" devant leurs congénères "des événements qui mettent des hommes aux prises avec d'autres hommes" ont à réfléchir dans ce numéro sur les fondements de leur "occupation".
120 pages
« Brecht a accepté de penser le théâtre intellectuellement, abolissant la distinction mythique […] entre la création et la réflexion, la nature et le système, le spontané et le rationnel, le “cœur” et la “tête” ; son théâtre n’est ni pathétique ni cérébral : c’est un théâtre fondé. » (Roland Barthes)
Théâtre/Public est né (n°1, septembre 1974) sur la base de cette notion de « théâtre fondé ». Notre bimestriel se voulait, dès le départ, revue de réflexion et, surtout, de débat. Or, si l’on ne croit qu’à la « nature », au « spontané », au « cœur », au « pathétique », si ne sont en présence que des blocs de subjectivité, il n’y a rien à débattre, et une telle revue est inutile.
Après les premiers tâtonnements, notre n°10 (avril 1976) marquait une étape, en ce sens qu’il avait une certaine valeur programmatique. Son titre : « … et maintenant, Mr Brecht, quelle est votre occupation » provenait de son texte introductif : la retranscription de quelques extraits de l’interrogatoire de Brecht par la commission des activités anti-américaines. Pourquoi ce titre ? Indirectement, le juge amenait le dramaturge à s’expliquer sur le sens qu’il entendait donner à son travail artistique. En somme, il lui demandait de fonder publiquement, et non sans quelque risque, son « occupation ».
Depuis le numéro 10, quinze ans ont passé. En 89, le mur tombe, avec tout ce qui s’ensuit. Et l’onde de choc de la chute traverse le théâtre le théâtre de Schifferbauerdamm où travaille le Berliner Ensemble. C’est donc l’Histoire elle-même qui pose la question des fondements de l' »occupation » de Mr Brecht. D’aucuns affirmeront que la notion même de « théâtre fondé » a disparu dans les décombres. En tout cas, elle n’en sort pas indemne.
Dès lors, on pourrait voir dans « ce qui nous reste » (Antoine Vitez) les fondements du théâtre que l’auteur de Mère Courage a, au moins en partie, manqué. : le théâtre (et, plus largement, l’instance critique) dont son pays avait besoin, mais dont justement son pays ne voulait.
Plus que jamais, nous sommes condamnés à remettre l’ouvrage sur le métier de la pensée. Des gens qui, comme dit le philosophe de L’Achat du cuivre, se sont donnés pour fonction d' »imiter » devant leurs congénères « des événements qui mettent des hommes aux prises avec d’autres hommes » ont à réfléchir dans ce numéro sur les fondements de leur « occupation ».
I – LE LIVRE DES RETOURNEMENTS
II – LE ROMAN DES TUIS
III – L’ACHAT DU CUIVRE
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